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François Villeroy de Galhau : "Je crois à l’Europe, ce modèle de diversité, de solidarité, de paix”

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L’association Tribunes, partenaire de l’Institut Européen et International, a eu le plaisir de recevoir, pour la première fois, le gouverneur de la Banque de France.

Au programme du débat, le banquier central a évoqué son attachement à l’Europe, la nécessité des réformes et l’espoir d’une France forte au sein de l’espace européen.

Qui est François Villleroy de Galhau ? Personnalité publique discrète, sa nomination en tant que gouverneur de la Banque de France l’a hissé au sommet de la fonction publique française. Énarque (promotion Louise Michel, 1984) et polytechnicien (promotion 1978), François Villeroy de Galhau revendique son appartenance fondamentale au service public : après être passé par le Ministère des Finances en tant que conseiller européen, puis directeur de cabinet de Dominique Strauss-Kahn sous le gouvernement Jospin, il devient ensuite directeur général des impôts entre 2000 et 2003.  Sa rencontre avec le secteur privé commence en 2003, lorsqu’il est nommé PDG de Cetelem, s’érigeant ainsi en un pilier essentiel du groupe BNP Paribas, dont il devient le directeur général délégué entre 2011 et 2015. En 2015, sa nomination pour accéder au poste de gouverneur de la Banque de France suscite des doutes quant à un éventuel conflit d’intérêts, compte tenu de ses liens avec le secteur bancaire. Cet européen convaincu n’hésite pourtant pas à clamer son indépendance vis-à-vis du monde de l’entreprise, et sa détermination à “servir en homme droit et libre”, tout en revendiquant sa double expérience (« Je ne fais pas partie de ceux qui opposent l’entreprise et l’Etat, il faut dépasser cette caricature. La force de l’Etat, c’est sa mission. La force de l’entreprise, c’est son efficacité. ») et en plaidant pour un management qui sait être stratégique (« accroche ta charrue à une étoile »).

“Éclairer le débat économique est un enjeu central de la démocratie” À l’ère de l’euro et de la Banque Centrale Européenne, l’existence d’une banque centrale nationale peut sembler accessoire. Notre invité s’est attaché à démontrer le contraire, en attirant l’attention sur la place capitale de la Banque de France en tant que composante active de l’euro-système au service de la stabilité monétaire, mais aussi à travers ses missions de stabilité financière et de services à l’économie (les « 3 S »).
“La Banque de France opère à un niveau macroéconomique, dans la politique économique et monétaire européenne” explique M. Villeroy de Galhau, “mais également à un niveau microéconomique, notamment dans l’aide aux PME et aux ménages”. Cette dernière action, bien que peu saillante, est essentielle à la vie économique et politique française, soutient notre invité, ce qui n’empêche pas la Banque de poursuivre ses mesures d’économie et de rationalisation (baisse des effectifs de 20 % d’ici à 2020). Regrettant que le grand public ne soit pas mieux informé des décisions économiques centrales dans l’avenir de la France, il souhaite que chacun puisse bénéficier “d’une éducation économique et monétaire”.


“Pour aller vers le plein-emploi, nous avons besoin de réformes”  Lors de son intervention, François Villeroy de Galhau s’est notamment  penché sur ce qu’il appelle “les trois retards français” : une croissance du PIB inférieure à la moyenne européenne, un déficit de compétitivité et un chômage structurel trop élevé dû à une faible croissance potentielle. “Le défi de la France dans la zone euro, c’est que nous ne sommes pas dans une trajectoire de croissance et d’emploi optimale”.  Pour combattre le chômage, qu’il estime être “la situation la plus urgente que connaît actuellement la France”, le haut fonctionnaire exhorte les décideurs politiques à réformer en profondeur le fonctionnement de l’économie nationale.  Il incite ainsi l’État à s’engager vers une baisse des dépenses publiques et des taxes, à améliorer l’insertion professionnelle des jeunes en donnant une impulsion à la formation en alternance et à poursuivre le processus de réforme du Code du travail. Malgré son attachement au modèle social européen, M. Villeroy de Galhau se dit préoccupé par les coûts disproportionnés des politiques sociales françaises. 


“L’Europe, un modèle perfectible” François Villeroy de Galhau ne dissimule pas sa profonde fibre européenne : auteur de L’Espérance d’un Européen, il défend, dans son ouvrage, l’idée d’un séjour Erasmus professionnel destiné aux jeunes non qualifiés, afin de permettre à tous de participer à l’épanouissement de l’identité européenne.  Il recommande également une amélioration collective par une meilleure coordination des politiques économiques à l’échelle européenne, par la création d’une union de financement pour l’investissement et l’innovation (car l’excédent commercial de la zone euro reflète un excédent structurel de l’épargne sur l’investissement) et par la mise en place d’un budget européen pour toutes les dépenses d’intérêt commun, notamment en matière de sécurité et de défense. Ces réformes devraient aussi passer par des modifications institutionnelles (ministre des finances de la zone euro, Parlement de la zone euro). Lorsqu’on lui demande de s’exprimer sur la montée de l’euroscepticisme, M. Villeroy de Galhau soutient qu’il est en recul : en effet, selon un sondage Elab pour les Echos, près de 72% des Français se disent attachés à l’euro, le niveau le plus élevé depuis 2009, explique le banquier central. Celui qui considère le Brexit comme une “aventure économique” met en garde contre toute velléité de sortie de l’euro : “La France perdrait 30 Milliards d’euros par an si elle décidait de sortir de la zone euro”.
Conférence organisée par l'association Tribunes Propos recueillis par l’Institut Européen et International

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