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L'Europe va-t-elle si mal ?

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À l’occasion de la Journée de l’Europe, l’association Tribunes a invité trois personnalités de marque pour une table-ronde sur l’Europe du futur : Gilles Babinet, responsable français des enjeux de l’économie numérique auprès de la Commission Européenne, Yves Bertoncini, directeur de l’Institut Jacques Delors et Jean-Dominique Giuliani, président de la Fondation Robert Schuman. Retour sur cette conférence avec l’Institut Européen et International.
Peut-on se montrer optimiste pour l’Europe ? C’est à cette question qu’ont tenté de répondre les invités pour cette première édition de la Journée de l’Europe. Tous ont affirmé leur espoir commun de voir (ré)émerger une Europe soudée et harmonisée, forte de ses valeurs humanistes et tournée vers la modernité. Mais ils ont également présenté leur vision personnelle des défis qui attendent l’Europe au tournant du 21e siècle.

Pour Gilles Babinet, le digital champion de la France, la révolution technologique est bien évidemment au coeur de l’Europe du futur : le numérique est pour lui une source de capital humain qui permettra de solutionner nombre des difficultés que traversent le Vieux Continent.
Pour Yves Bertoncini, le défi est avant tout identitaire : l’Europe traverse une “crise de la soixantaine” qui remet en cause sa raison d’être et sa place parmi les puissances. Jadis centre du monde, le continent européen ne représente aujourd’hui plus que 5 à 6% de la population mondiale, et se retrouve prise dans un tourbillon de mutations rapides qu’elle peine parfois à maîtriser. Les citoyens européens sont quant à eux divisés et semblent parfois perdre confiance en une Europe aux processus opaques et peu démocratiques. Jean-Dominique Giuliani rappelle toutefois la résilience de l’Europe, qui a permis 70 ans de paix sur un continent qui n’avait jamais cessé d’être en guerre. Par conséquent, explique-t-il, les nouveaux défis qui se présentent pour l’Europe (sécurité, immigration...) sont tout à fait surmontables. 
Quel sera le rôle des responsables politiques français dans le devenir de l’Europe ? La nouvelle ère consacrée par Emmanuel Macron semble susciter de l’espoir chez les invités : Gilles Babinet explique ainsi que le discours de la Sorbonne a permis de repolitiser la construction européenne en l’éloignant du cadre purement technocratique auquel il était cantonné, et de poser les bases d’un nouveau projet européen. Il reste cependant que cette ébauche de politique doit être traduite sur le plan concret. Pour Jean-Dominique Giuliani, les décideurs publics ont la responsabilité d’inscrire leurs décisions nationales dans le cadre des politiques européennes. 
Sur le Brexit, tous pensent qu’il sera un facteur de fragilisation de l’Union Européenne. M. Bertoncini conçoit le retrait du Royaume-Uni comme une “amputation”, un handicap supplémentaire pour une Europe déjà aux prises avec la Russie et la Chine. De même, l’idée selon laquelle le Brexit serait une opportunité d’approfondir l’intégration européenne ne le convainc pas : “Le Royaume-Uni n’a pas été le seul obstacle à une Europe plus intégrée” affirme-t-il, “n’oublions pas que certains pays nordiques n’ont montré aucun intérêt à approfondir l’Europe sociale”.

Sur le plan du numérique, le Brexit est également une grande perte pour l’UE, explique M. Babinet, puisque le Royaume-Uni est l’un des moteurs de la révolution technologique dans l’Union Européenne. Les Britanniques occupent une place intermédiaire entre les États-Unis et l’Europe, ce qui leur permet de jouer le rôle de passerelle entre les deux ensembles. Sans le Royaume-Uni, l’Europe risque d’être prise en tenailles entre la Chine et les États-Unis et de souffrir d’un isolement relatif , à moins qu’elle ne s’autonomise définitivement par rapport aux États-Unis et ne décide d’affirmer sa propre position.

Pour Jean-Dominique Giuliani, “le Brexit n’est plus un sujet d’actualité pour l’UE”, puisque l’Europe reste solide autour de son noyau fondateur, de même que les pays qui ont récemment adhéré à l’UE ne souhaitent pas la quitter. Pour ce dernier, le Brexit est avant tout le résultat d’une défaillance dans la politique interne britannique et il dénonce la “prise d’otage” du peuple britannique par une partie de sa classe politique. 
Sur l’Europe à deux vitesses, les invités mettent en garde contre la tentation de distinguer un “noyau dur” et une “écorce molle” de l’Europe : “L’objectif de l’UE, c’est de rapprocher les peuples, pas de les diviser” insiste Jean-Dominique Giuliani. “Il n’y a pas de citoyens de seconde zone”. La meilleure manière d’éviter une Europe à plusieurs vitesses est de montrer l’exemple, non pas en dispensant des leçons, mais en faisant de petites avancées concrètes : par exemple, harmoniser les législations en matière d’accueil des demandeurs d’asile, suggère M. Giuliani. Yves Bertoncini rejette également l’idée d’une Europe qui ne serait pas harmonieuse. “Il faut une Europe à pleine vitesse qui n’abandonne personne” insiste-t-il.  

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